AUTODÉFENSE : comment faire face à la #violence ?

Je viens de passer quelques heures à lire le manuel très complet de Irene ZEILINGER. Ici, vous n’aurez qu’un tout petit résumé alors n’hésitez pas à le lire en entier – en lien ci-dessous.
« … la prétendue faiblesse féminine, c’est un cliché, une idée préconçue. Lorsqu’une femme réalise la puissance qu’elle est capable de mettre dans un coup de poing, elle change déjà … »
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SociologueIrène ZEILINGER est formatrice d’#autodéfense pour #femmes depuis une vingtaine d’années.
Fille de syndicaliste d’origine autrichienne, elle  apprend aux femmes et aux filles, indépendamment de leur âge, de leur nationalité, de leurs origines ou de leur orientation sexuelle, à ne plus subir la violence des hommes, d’où qu’elle vienne.
Elle a travaillé un peu partout en Europe et en Amérique latine.

Comment faire face à la violence ?

« L’autodéfense pour femmes recouvre tous les petits et grands moyens qui rendent la vie plus sûre, et cela aux niveaux mental, émotionnel, verbal et, en dernier recours, physique. Il s’agit d’une approche globale à la prévention des violences faites aux femmes.
« Vous trouverez ici des conseils qui vous permettront – je l’espère – de vous sentir plus forte, plus sûre de vous et plus apte à vous protéger et à vous défendre dans toutes les situations de la vie quotidienne. Nombreuses sont les femmes qui réussissent à se sortir d’une agression grâce à leurs poings, leurs pieds, leur tête ou leurs griffes. »

L’AUTODÉFENSE PHYSIQUE

On constate que, parmi toutes les victimes, ce sont celles qui ont adopté une stratégie de défense non violente, telle que l’autodéfense verbale qui s’en sont le mieux tirées : seules 29 % d’entre elles ont été blessées. Cela pour bien vous rappeler que la défense physique n’est à utiliser qu’en dernier recours, si rien d’autre ne marche, ni les ruses, ni la fuite, ni la pose des limites, ni la désescalade. Pour pouvoir se défendre, il faut non seulement s’en donner le droit, mais aussi la force. Il nous faut connaître notre force et croire en elle. Or, pour croire en nos propres capacités, nous avons d’abord besoin de faire connaissance avec elles, physiquement, pratiquement. Il faut les expérimenter, les éprouver. RIEN NE PEUT REMPLACER LA PRATIQUE. Je ne fais pas l’éloge des cours d’autodéfense mais il est important de le rappeler. En attendant de vous inscrire à un cours d’autodéfense pour pratiquer, vous pouvez mettre à profit vos expériences quotidiennes. Si vous jouez au volley-ball, pourquoi pas vous imaginer que ce smash pourrait être un coup sur le nez d’un agresseur ? Qu’est-ce que cela lui ferait ? Si vous montez l’escalier avec les courses pour le mois, vous pouvez prendre conscience qu’à chaque pas, votre jambe pousse plus de poids que le minimum nécessaire pour briser n’importe quelle articulation du corps humain.

Quand on veut nous faire du mal, nous sommes assez importantes pour nous-mêmes pour faire TOUT ce qui est nécessaire et possible pour l’en empêcher. Y compris faire mal à l’agresseur. C’est de la légitime défense.

Toutefois, apprendre à se défendre, c’est aussi apprendre à encaisser. Avoir mal, être blessée, ce n’est pas la fin du monde. Notre corps nous aide lui-même à encaisser car, face à une agression, il produit de l’adrénaline qui nous rend moins sensibles à la douleur. Tant que nous ne perdons pas conscience, nous pouvons continuer à résister.

PRENDRE NOTRE ESPACE – vous dessinez un cercle autour de vous. Ce cercle est votre espace vital. Un agresseur ne peut vous atteindre que s’il pénètre à l’intérieur de ce cercle, hormis s’il a une arme qui fonctionne à distance (un bâton, une arme à feu).

Si nous décidons de prendre la fuite, il faut être le plus rapides possible, de sorte que l’agresseur n’ait même pas le temps de se poser la question.

Dans un conflit, il ne faut jamais laisser à l’adversaire le choix du terrain de la confrontation. Cette règle reste vraie en situation d’agression.

GARDER L’ÉQUILIBRE  L’équilibre nous permet aussi d’utiliser notre force avec une meilleure efficacité. Des coups donnés en position d’équilibre, avec ce que j’appelle la « force du centre », sont beaucoup plus forts que si nous n’utilisons que nos muscles. Si nous utilisons notre centre de gravité, en plus de nos muscles, c’est tout le poids de notre corps qui est au travail. Un grand poids peut donc constituer un grand avantage !

LIBÉRER SA VOIX ET CRIER  Notre force physique est non seulement liée à nos muscles et à la quantité d’adrénaline dans notre sang, mais aussi à la respiration et à la voix. Crier n’est pas uniquement utile pour alerter des témoins. Le cri est un de nos principaux outils de défense physique. Vous pouvez aussi bien crier « au feu », « lâche-moi » ou bien « non » À vous de voir ce qui vous convient le mieux. Où peut-on crier ? dans les concerts, les manifestations, les match de foot …

DÉVELOPPEZ VOTRE RESPIRATION ET VOTRE DÉTERMINATION « j’ai tout sous mon contrôle » ou « je suis calme et centrée » en inspirant et « je suis forte » ou « j’y arriverai » en expirant.

NOUS PROTÉGER

Si vous prenez un coup, expirez à ce moment-là. Cela évite que le coup comprime vos poumons et coupe votre respiration.

Protégez votre tête avec vos bras en pliant un bras devant votre tête et l’autre derrière, avec les deux coudes qui pointent vers le haut. Dans cette position, vous pouvez toujours utiliser vos jambes ou frapper avec vos coudes pour vous défendre.

Protéger le larynx en cas d’étranglement : levez les épaules le plus possible, baissez le menton sur la poitrine, ouvrez la bouche et tirez les coins des lèvres vers le bas. Vous pouvez vérifier avec vos mains : votre cou a disparu, surtout votre larynx, et tous les muscles du cou sont tendus pour mieux le protéger.

Pour éviter de tomber lorsqu’on nous tire ou que l’on nous pousse, le principe est tout simple : ne pas résister brusquement, mais aller avec la force de l’agresseur. S’il nous pousse, nous allons dans le sens où il nous a poussées. S’il nous tire, nous suivons cette force, mais en exagérant le mouvement afin de déstabiliser l’agresseur qui s’attendait à une résistance. S’il tente de nous faire tomber de plus près, nous appliquons la technique de la ventouse : nous nous collons sur lui, nous l’agrippons avec nos bras, les jambes très écartées pour avoir une meilleure stabilité. Moins nous laissons d’espace entre lui et nous, plus il aura de mal à exercer sa force sur nous.

Tomber, ça s’apprend ! Quand nous ne tombons pas selon les règles de l’art, les blessures les plus fréquentes sont des poignets tordus ou cassés, des genoux blessés et, à partir d’un certain âge, les hanches et le fémur fracturés. Ce ne sont pas les parties idéales de notre corps sur lesquelles atterrir, tout simplement parce qu’il s’agit d’articulations, par définition plus fragiles que des os. Pour réduire le risque de blessure, il vaut donc plutôt mieux tomber sur les avant-bras que sur les mains. Et finalement, pour ne pas avoir le souffle coupé par la chute, il nous faut expirer en tombant afin que l’air ne puisse pas se comprimer à l’intérieur de nos poumons.

DES POINTS VULNÉRABLES
La tempe En frappant dessus, nous provoquons un choc qui peut mener à l’évanouissement.

Les yeux Si vous lui « tapez dans l’œil », l’agresseur verra des étoiles et aura mal pendant un bon moment – assez longtemps pour pouvoir vous enfuir !

Les oreilles Si nous frappons sur les oreilles, nous pouvons perturber provisoirement le fonctionnement de l’organe de l’équilibre de manière à ce que l’agresseur tombe facilement si nous « l’aidons » un peu.

Le larynx Pousser, ou encore mieux frapper ce cartilage (chez les hommes la pomme d’Adam) coupe la respiration. Sans oxygène, pas d’agression. Certaines situations gravissimes sont cependant assez dangereuses pour légitimer une telle défense…

Les testicules Ce que vous pouvez faire par contre, c’est frapper, écraser, pincer les testicules avec les mains, qui passent plus facilement entre les jambes. Mais les testicules ne sont pas si faciles que ça à attraper : ils se trouvent dans un sachet de peau qui leur permet une certaine mobilité. Juste au-dessus, un creux dans le bassin les abrite spontanément si l’on tire sur la peau qui les entoure. C’est pourquoi il faut s’assurer de les empêcher de filer vers le haut, en pinçant les testicules du dessus et en pressant vers le bas, un peu comme quand on trait une vache. Sinon, vous aurez juste de la peau dans la main, avec un agresseur pas content du tout de l’autre côté de cette peau…

Les genoux Il ne faut ni beaucoup de force ni une souplesse extraordinaire pour lever notre pied à cette hauteur. Et, une fois le genou cassé, l’agresseur ne pourra plus marcher.

Les chevilles Comme les chevilles se trouvent sur une extrémité, l’effet levier est cependant moins important que pour les genoux et il est donc un peu plus difficile de les casser d’un seul coup.

En plus de ces points-là, vous pouvez blesser l’agresseur à d’autres endroits pour lui faire mal, gagner du temps et peut-être lui faire comprendre que ce n’est pas une bonne idée de vous agresser. Vous pouvez par exemple lui faire mal au tympan en lui criant dans les oreilles ou avec un bruit très fort (sifflet, alarme personnelle). Lui taper sur le nez cassera son os nasal et le fera saigner. Lui donner un coup de pied dans le tibia, ça fait mal, mais ne casse rien. Frapper ou pincer des muscles tendus, par exemple les quadriceps, est également douloureux. Vous pouvez également écraser le dos du pied de l’agresseur, tordre ou carrément casser de petites articulations comme les doigts, ou encore frapper sur ses côtes flottantes (c’est-à-dire les dernières deux paires de côtes qui ne sont fixées au sternum que par des cartilages). Une autre possibilité est encore d’attraper sa tête par les cheveux et la frapper contre un mur, un meuble, le sol, tout ce que vous pouvez trouver. Autant de manières de sauver votre peau en profitant de la vulnérabilité de l’agresseur.

NOTRE CORPS EST UNE ARME !
Parmi toutes les tactiques possibles, je vous conseille de choisir les deux ou trois techniques qui vous conviennent le mieux et de vous concentrer uniquement sur celles-là.

LES BRAS
C’est notre premier réflexe pour nous défendre : utiliser les bras pour nous protéger, pour attraper les mains menaçantes de l’agresseur, pour gifler. Tout cela n’est guère productif, car nous concentrons alors notre force et notre attention là où l’agresseur a déjà mis les siennes. C’est une perte de temps et d’énergie, car ce sont des gestes prévisibles et donc blocables, qui n’empêchent pas l’agresseur de poursuivre son agression. Dans l’optique de l’autodéfense féministe, nous ne nous défendons pas contre des mains, nous nous défendons contre toute une personne, surtout contre sa tête, car c’est de là que les ordres de l’agression viennent aux membres. Une fois que la tête est hors service, l’agresseur ne pourra plus nous agresser.

– Les mains ouvertes  je ne suis pas fan de la gifle, pour deux raisons : ça ne casse rien et nous n’avons probablement pas assez de force pour faire vraiment mal à l’agresseur avec une simple baffe. Par ailleurs, une gifle est vécue comme une attaque à l’honneur de l’agresseur et peut le rendre fou de rage. Par contre les mains nous permettent de piquer l’agresseur avec un ou plusieurs doigts à la fois, de le griffer ou pincer, et de lui tirer les cheveux.

– La paume des mains : les mains ouvertes ne servent pas seulement à attraper, griffer et pincer, nous pouvons aussi utiliser la paume pour frapper. C’est la partie de la paume la plus proche de l’avant-bras, qui pousse de manière brusque – le poignet restant élastique – contre des points vulnérables comme le nez. Avec les paumes creuses, vous pouvez aussi donner un « coup stéréo » sur les deux oreilles à la fois pour perturber le sens de l’équilibre chez l’agresseur. Pour cela, joignez bien tous les doigts comme si vous vouliez retenir de l’eau dans votre main. Vous attraperez quelque chose de plus fugitif encore – l’air.

– Les poings : beaucoup de femmes n’ont jamais appris à bien serrer leur poing. Voici la recette. Vous enroulez bien les quatre doigts de manière que vos ongles ne coupent pas dans la chair de la paume. Vous pliez le pouce et vous le rangez sur le côté des doigts (ni au-dessus ni dedans !). Tous les doigts sont serrés et le poignet est bien droit pour éviter qu’en frappant vous vous fassiez mal.

Le poing peut être utilisé de différentes manières ; ma préférence va au « poing marteau » pour frapper contre tous les points vulnérables accessibles. Comme son nom l’indique, nous utilisons le poing comme un marteau, de haut en bas, et c’est la partie charnue, moins sensible, du côté du petit doigt qui frappe. C’est idéal pour toucher le nez. Le même poing marteau peut aussi être utilisé en horizontal. Pour cela, vous mettez votre poing contre votre épaule opposée, la partie charnue du côté du petit doigt vers l’avant et vous écartez bien les jambes pour un meilleur équilibre. Avec une rotation dans les hanches, vous lancez votre poing dans un arc de cercle droit vers l’avant pour toucher la tempe, la gorge, les côtes flottantes ou tout autre point accessible.

– Les coudes : le coude est fragile, comme toute articulation. C’est pourquoi nous l’utilisons pour frapper uniquement contre des points vulnérables mous, par exemple le plexus solaire quand nous sommes agressées par-derrière. Une des parties les moins vulnérables du coude est le cubitus. C’est l’os qui mène du coude vers le poignet, côté du petit doigt. Près du coude, cet os est très dur et peu sensible à la douleur si nous le dégageons en étendant la main (serrer le poing fait sortir un muscle qui cache alors le cubitus). Avec un bras plié, nous pouvons l’utiliser pour frapper à l’horizontale, avec une rotation de l’épaule et des hanches à la fois.

LES JAMBES
Les jambes sont plus longues que les bras et quatre fois plus fortes. Par ailleurs les coups bas sont beaucoup plus difficiles à repérer et à bloquer. Ne pas les utiliser serait faire un cadeau à l’agresseur – et ce n’est pas ce que nous voulons, n’est-ce pas ? On va lui donner autre chose ! N’essayez pas de faire des coups de pied spectaculaires à hauteur de tête. Non seulement c’est difficile à apprendre et à réaliser, mais c’est aussi peu efficace, voire dangereux pour vous. Voici quelques armes corporelles que je considère comme beaucoup plus pratiques.

– Les genoux : le genou est un point vulnérable, mais en même temps, nous pouvons l’utiliser comme arme pour frapper sur des points vulnérables, par exemple les testicules (s’ils sont accessibles) ou la tête (que nous avons tirée par les cheveux à la bonne hauteur). Même quand nous nous retrouvons par terre, à côté de l’agresseur, les genoux sont utiles pour frapper partout où nous pouvons, les reins, le plexus solaire, les testicules…

– La plante des pieds : c’est l’arme idéale pour donner un coup dans la région basse de l’agresseur, par exemple les tibias, ou encore mieux, le genou. Pour agrandir la surface et donc la probabilité de toucher, tournez le pied dans une position horizontale en pointant les orteils vers l’extérieur (à droite pour votre pied droit, à gauche pour votre pied gauche). Levez ensuite votre jambe pliée devant votre corps et poussez votre pied à travers le genou de l’agresseur, frontalement ou de côté. Vous pouvez aussi tourner les orteils vers l’intérieur, ce qui vous permet de donner un coup latéral avec le tranchant de votre plante de pied. Dans les deux cas, je vous conseille de viser le genou de l’agresseur et de le traverser avec toute votre détermination et toute votre force, en criant.

– Les talons : nos talons sont des véritables marteaux. Ce sont eux qui atterrissent à chaque pas que nous faisons ; ils ont donc l’habitude de supporter des chocs. Nous pouvons les utiliser pour frapper sans crainte de nous blesser. Avec les talons, il est possible de pousser droit vers le bas, par exemple en donnant un coup sur le dos du pied. En gardant la jambe droite, nous pouvons aussi frapper en levant toute la jambe comme si c’était un marteau, par exemple sur la cheville de l’agresseur.

LA TETE
N’oubliez surtout pas cette arme-ci ! Non seulement notre cerveau s’y trouve, qui nous donne toutes ces bonnes idées de défense. En plus, la tête est dure et peut servir comme arme corporelle, de diverses manières.

– La mâchoire et les dents – mordre : le muscle de la mâchoire est l’un des plus puissants du corps humain. Vous pouvez mordre l’agresseur pour lui faire mal, par exemple dans un muscle tendu ou dans une main. Mais attention, en mordant, vous risquez de vous infecter par le contact entre le sang de l’agresseur et une éventuelle blessure de votre gencive (VIH, hépatite et autres saloperies). Un risque que vous pouvez réduire très simplement en mordant là où il y a des vêtements – ça fait tout aussi mal.

– Avec la tête. Le coup de boule : c’est une technique difficile à anticiper et à bloquer car elle est rapide et peu visible. Mais frapper avec notre chère tête, ça risque quand même de nous faire mal aussi. C’est pourquoi il y a quelques règles. Nous frappons avec une partie dure de la tête, par exemple les coins du front ou avec l’arrière de la tête, sur quelque chose de mou, par exemple le nez de l’agresseur. Et nous évitons de frapper sur la bouche et les dents de l’agresseur pour ne pas nous blesser.

– Cri : je vous ai déjà parlé des bienfaits du cri, mais ce qui est un avantage supplémentaire, c’est que cela fonctionne à toutes les distances. Et de tout près, si vous criez directement dans l’oreille de l’agresseur, ça lui fera mal aux tympans.

Tout d’abord, il faut se défendre immédiatement. Si nous nous voyons dans la nécessité de nous défendre physiquement, c’est que nous avons essayé beaucoup d’autres stratégies auparavant, mais sans succès – ou que nous sommes totalement prises au dépourvu. 

Nous utilisons toute notre force dans tout ce que nous faisons, que ce soit crier, courir ou frapper, car, ici, notre vie est en danger. Nous devons éviter à tout prix de laisser le contrôle de la situation à l’agresseur, par exemple en nous laissant emmener à un autre endroit, plus confortable pour l’agresseur ou en nous laissant enfermer ou ligoter. Nous ne voulons pas être à sa merci. Le mieux est de le rouer de coups de toutes parts en avançant pour le forcer à la retraite. Nous nous défendons jusqu’à la fin, c’est-à-dire jusqu’à ce que nous soyons en sécurité, quand la situation est terminée. Il ne faut pas se laisser distraire par nos pensées et observations sur l’agresseur et ses réactions, par exemple s’il crie de douleur. Nous nous concentrons sur un seul objectif : nous en sortir vivantes. Ne croyez pas un agresseur qui fait semblant d’être blessé, mais qui reste debout. Ne le croyez pas non plus s’il promet d’arrêter. Tant qu’il parle, tant qu’il est encore debout, tant qu’il est encore capable de nous agresser, nous ne sommes pas encore tirées d’affaire.

SE LIBÉRER
Il vous faut avant tout vous sortir de là.

UTILISEZ VOS ÉMOTIONS !
Nous pouvons transformer la peur en colère pour être sûres de rester capables d’agir et pour mobiliser des forces inimaginables. Prenez donc l’habitude de vous parler (intérieurement) pour vous encourager, pour vous féliciter quand vous avez placé un bon coup, pour vous fâcher contre ce salaud qui vient vous agresser. Mettez-vous en colère : « Pour qui est-ce qu’il se prend, ce type ? ! Pas avec moi ! ! ! » Si vous n’arrivez pas à vous mettre en colère pour vous-même, pensez alors à vos proches et comment ils souffriront si quelque chose vous arrive. Respirez profondément pour centrer votre force, pour la laisser couler librement dans tout le corps. Et criez un vrai cri de guerre qui va faire trembler votre agresseur !

Pour nous libérer d’une prise, nous devons avant tout sortir de la logique de l’agresseur. Lui se concentre sur son agression, il investit sa force mentale et physique dans sa prise. Nous ne sommes pas obligées d’être d’accord, de suivre sa logique. Nous nous concentrons sur nos propres moyens : qu’est-ce qu’il nous reste de libre pour nous dégager ? Je parle bien sûr des armes corporelles. Peu importe comment un agresseur nous attrape, il ne peut pas bloquer au même moment la tête, les deux bras et les jambes. Il y a donc toujours au moins une ou deux armes corporelles libres avec lesquelles nous pouvons atteindre plusieurs points vulnérables. Le but est, comme toujours, de mettre l’agresseur hors d’état de nuire.

SI VOUS ÊTES À TERRE
Au sol, se mettre sur le côté est préférable à se retrouver sur le dos, parce qu’une position latérale permet une plus grande flexibilité dans les mouvements et offre moins de surface vulnérable à l’agresseur.

Vous êtes au sol et l’agresseur n’est pas encore sur vous. Il faudra attendre qu’il se trouve à la bonne distance pour l’attaquer. Contrairement aux techniques debout, ici, c’est la longueur de vos jambes qui compte, pas celle de vos bras. Dès qu’il a franchi le cercle de ce diamètre, vous lui donnez des coups de pied dans le genou, les testicules ou la tête, tout en restant en position latérale. Bien sûr, cela implique que seule la jambe du dessus peut frapper, l’autre vous servant d’appui pour votre stabilité. Vous donnez des coups jusqu’à ce que l’agresseur tombe à son tour et vous vous assurez ensuite qu’il ne peut pas se relever. Pour cela, vous le frappez encore avec vos jambes ou, s’il est suffisamment près, avec vos poings, vos coudes, etc. Pour vous relever en évitant que l’agresseur ne vous fasse tomber à nouveau, vous vous mettez à quatre pattes, en vous éloignant en ligne droite de l’agresseur et en ne vous mettant debout qu’à une certaine distance. Ainsi, si jamais il vous attrape une jambe avec la main, il ne pourra pas vous faire tomber et vous pourrez la libérer facilement en la secouant fort.

Si vous vous retrouvez par terre avec l’agresseur déjà sur vous, ça commence à être plus compliqué. Vous pouvez encore toucher certains points vulnérables avec vos armes corporelles, mais le choix est déjà plus réduit. Pour vous dégager, déséquilibrez-le en utilisant la force de votre bassin. Pliez une ou deux jambes que vous utilisez comme appui, puis poussez d’un coup sec avec votre bassin vers le haut. Vous pouvez renforcer cette défense en frappant l’agresseur au même moment ou en lui attrapant la tête, par exemple par les cheveux, pour la faire tourner – le corps devra suivre.

Il existe des techniques de libération spéciales « au sol », mais qui sont trop complexes pour que je puisse les expliquer par écrit. Il faut les avoir pratiquées physiquement pour comprendre comment elles fonctionnent. Si vous voulez absolument apprendre à vous dégager de ces situations d’agression au sol, inscrivez-vous vite à un cours d’autodéfense !

UTILISER DES OBJETS COMME ARMES

– Objets lourds : vous pouvez par exemple pousser une commode devant la porte pour bloquer l’accès à l’agresseur, ou encore faire basculer une étagère, sur l’agresseur lui-même, ou pour lui barrer la route.

– Objets mi-lourds : grâce à la force mobilisée par l’adrénaline, vous pourrez soulever de petits meubles et les jeter sur l’agresseur. Ce genre d’objets est aussi utile pour casser une vitre afin d’attirer l’attention et pour qu’on entende vos cris « au feu » dans la rue.

– Objets légers : nous avons tous et toutes le réflexe d’attraper les objets qu’on nous lance – si l’agresseur n’est pas blessé par l’objet que vous lui balancez à la figure, au moins il l’attrapera et aura les mains occupées, pendant que vous pouvez tranquillement lui casser le genou. Même des objets inoffensifs comme une écharpe ou un coussin feront l’affaire.

– Objets grands : des chaises, de grands cadres et autres vélos peuvent vous servir de bouclier en les tenant entre vous et l’agresseur. Vous pouvez bien sûr aussi les lui jeter sur les pieds et courir vous mettre en sécurité.

– Objets pointus : nous avons souvent des stylos-bille, clés, limes à ongles, etc. à portée de main, donc pourquoi ne pas les utiliser pour attaquer l’agresseur aux yeux et à la gorge ? D’autres objets sont moins clairement utilisables comme armes : classeurs, boîtes, livres, pochettes de CD, cadres… Mais avec leurs bords ou leurs coins, vous pouvez presser contre la gorge de l’agresseur.

– Objets avec poignée : non seulement le classique rouleau à pâtisserie, mais toute casserole, sac à main, outil de bricolage peut devenir une arme entre nos mains. Donnez des coups directs plutôt que des coups balayants d’un côté à l’autre, et tenez l’objet à deux mains.

– Objets chauds ou froids : pourquoi ne pas arroser l’agresseur avec votre café brûlant ou votre limonade avec glaçons ? Ou si vous êtes agressée en faisant la cuisine, n’oubliez pas l’eau ou l’huile bouillantes.

– Objets agressifs : surtout, en cas d’agression à la maison, nous avons un choix cornélien entre décape-four, eau de javel, poudre à lessiver, insecticide, extincteur, déodorant ou spray pour les cheveux. Vous pouvez en jeter ou en vaporiser dans les yeux de l’agresseur – cela va l’occuper avec lui-même pendant un bon moment.

– Objets tout petits : de la monnaie, de la terre de vos pots de fleurs, du sable à côté d’un chantier, du piment ou d’autres ingrédients de cuisine en forme de poudre, tout cela bloquera également la vue d’un agresseur.

– Objets en forme de corde : fouettez l’agresseur comme Zorro, toujours vers son visage. Ou agitez votre objet en lui faisant une sorte de « huit couché » (le symbole de l’infini) devant les yeux pour qu’il ne voie pas venir votre coup de pied. Vous pouvez utiliser des ceintures, des vêtements, des chaînes…

– Objets en forme de bâton : un balai, un parapluie, une pompe à vélo sont, la plupart du temps fragiles, et les utiliser pour frapper ou bloquer frontalement aurait pour seul effet de les casser. Il vaut mieux prendre un tel objet à deux mains, une main à chaque bout, de sorte qu’un petit bout dépasse les mains de chaque côté. Vous pouvez utiliser ces objets pour dévier un coup avec un mouvement d’essuie-glace. Vous pouvez aussi piquer tout droit vers l’avant sur des points vulnérables ou encore frapper avec le bout le plus court, qui est plus solide.

Regardez chez vous à la maison, dans vos poches ou dans votre sac tout ce que vous pouvez trouver pour vous défendre. Avec une telle panoplie d’armes potentielles autour de vous, vous n’avez pas besoin de toujours porter sur vous un objet particulier destiné à vous défendre. Il y aura bien quelque chose à portée de main que vous pourrez utiliser à votre avantage. Toutes les idées sont bonnes ! D’autant plus que la défense avec un objet qui est là par hasard cause beaucoup moins de problèmes juridiques pour la légitime défense que si vous portez exprès tel ou tel objet sur vous, même s’il ne s’agit pas d’une arme proprement dite. C’est l’intention qui compte.

QUAND VOUS ÊTES AGRESSÉE AVEC UNE ARME
Malheureusement, il se peut aussi que ce soit l’agresseur qui ait un objet, ou pire, une arme, entre les mains.

Si l’agresseur a une arme et qu’il veut vous dépouiller, donnez-lui ce qu’il veut sans discuter, mais en jetant loin l’argent ou les clés de la voiture pour pouvoir vous enfuir en criant et en courant dans l’autre sens.

Quand l’agresseur a comme seul objectif de vous faire mal d’une manière ou d’une autre, je vous conseille de vous défendre, immédiatement et sans aucun compromis. C’est vous ou lui ! 

Les armes blanches sont déjà un peu plus faciles à stopper, tout simplement parce que l’agresseur doit s’approcher de nous pour pouvoir nous blesser.

QUAND VOUS ÊTES PLUSIEURS AGRESSÉ/E/S
Au moment même d’une agression, il est trop tard pour se mettre d’accord sur qui fait quoi. Je vous conseille d’évoquer la question avec vos proches en amont : comment réagir si l’on vous agresse ensemble, à la maison ou dans la rue ? Décideriez-vous de fuir ensemble ? Si c’est le cas, il faudra vous donner la main et ne pas vous séparer pour éviter que le ou la plus lent/e ne se retrouve seul/e face à l’agresseur. Vous partageriez-vous plutôt les tâches ? Qui se sent alors la plus apte à chercher de l’aide ? Qui peut plus facilement garder son calme pour parler à l’agresseur ? Qui sait le mieux frapper ? Si vous décidez de vous défendre toutes et tous ensemble, comment vous positionnez-vous pour ne pas vous gêner les un/e/s les autres ?

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« Entraînez-vous mentalement pour acquérir des réflexes plus rapides. Participez à un cours d’autodéfense pour pratiquer avec d’autres femmes et apprendre ensemble à sauver votre peau. C’est joyeux et ça donne de la confiance en soi ! »

A vous de jouer Bien choisir son cours d’autodéfense

Merci à Irène Zeilinger ✊

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